Musicien autodidacte, Raphaël Imbert emprunte un chemin atypique dans la grande famille du jazz et des musiques improvisées. L’un de ses domaines de prédilection, sujet de recherche qu’il poursuit toujours aujourd’hui, est le spirituel dans le jazz. Il lui a valu d’être Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 2003 et de publier Jazz Supreme : Initiés, mystiques & prophètes dans la collection Philosophie imaginaire des Éditions de l’éclat (Paris, 2014).
Le principe essentiel de la rencontre, élément déterminant dans la pratique du jazz, l’a amené à travailler avec des musiciens d’exception comme Archie Shepp, Daniel Humair, Yaron Herman, Anne Paceo (Artiste de l’année 2016 aux Victoires du Jazz), le Quatuor Manfred, le Trio Chemirani, l’Ensemble Contraste d’Arnaud Thorette et Johan Farjot, Karol Beffa (Lauréat des Victoires de la musique classique 2013).
L’acte fondateur de la démarche de artistique de Raphaël Imbert remonte à 1999 avec la création d’un orchestre composé de 9 musiciens, La Compagnie Nine Spirit, et un geste symboliquement fort, travailler sur les 3 Duke Ellington’s Sacred Concerts, composés sur une période de dix ans, de 1965 à 1975.
Le début des années 2000 est intense avec de nombreuses créations musicales et la conception d’un répertoire riche et varié, notamment autour de figures tutélaires tels que le scientifique Théodore Monod, le pasteur Martin Luther King et l’écrivain Amadou Hampâté Bâ.
La décennie 2000-2010 est jalonnée de nombreuses productions phonographiques publiées chez Zig-Zag Territoires | Outhere Music, comme « Suite élégiaque », « Pieces for Christmas Peace » et « Bach Coltrane » qui lui ouvre les portes d’une véritable reconnaissance du public et des scènes pluridisciplinaires, puis « N_Y Project » enregistré au Sear Sound Studio à New York et « Live au Tracteur ».
En 2010, Raphaël Imbert a été missionné par le Laboratoire d’anthropologie de l’histoire de l’institution de la culture et l’École des hautes études en sciences sociales pour effectuer plusieurs séjours de recherche dans le Sud des États-Unis, le Deep South. Durant trois années consécutives, de la Nouvelle-Orléans jusqu’à la Virginie, en passant par Atlanta et les Appalaches, il a étudié le rapport fécond que les musiques populaires et traditionnelles ont entretenu avec l’oralité, l’improvisation, les nouveaux médias et la révolution numérique.
Plusieurs projets musicaux sont issus de cette période comme OMax at Lomax et surtout Music is My Home, né en 2015 de ces aventures intellectuelles, artistiques et humaines. Associant plusieurs artistes américains, deux vétérans du blues issus de la célèbre Music Maker Relief Foundation, Big Ron Hunter et Alabama Slim, à Leyla McCalla, Sarah Quintana, ainsi que l’étoile montante du jazz hexagonal, la musicienne Anne Paceo, il donne naissance à un répertoire original, entre références aux racines de la musique américaine et improvisations contemporaines, entre mémoire et actualité. Music is My Home est sorti chez JazzVillage, un label Harmonia Mundi, en janvier 2016.
Entre-temps, Raphaël Imbert et les musiciens de la Compagnie Nine Spirit ont travaillé sur de nombreuses créations musicales notamment dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture : la première avec les beatboxers français Under Kontrol (Babel Med Music à Marseille) et la seconde avec l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (Charlie Jazz Festival à Vitrolles).
La production phonographique continue de s’étoffer avec des publications comme Heavens-Amadeus & The Duke, ou Libres enregistré avec le pianiste Karol Beffa, et encore le Trio Bec-Imbert-Soler. L’Ensemble Contraste invite régulièrement le saxophoniste dans ses projets, notamment dans « Songs » (2011), « Miroir(s) » (2013) et « Besame Mucho » (2017).
En 2016, dans le cadre de la carte blanche proposée par le Festival d’Aix-en-Provence, Raphaël Imbert a imaginé un spectacle, Flowers for Paul Robeson, autour de l’emblématique figure de l’histoire américaine contemporaine Paul Robeson, ainsi qu’une création musicale avec l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras.
Autre temps fort de l’année 2016 : le Festival Marseille Jazz des Cinq Continents, le MuCEM, les Archives et Bibliothèque Départementales Gaston Defferre à Marseille, le Conseil Départemental des Bouches-du- Rhône ont confié au musicien une carte blanche pour la constitution d’une exposition sur le jazz à partir du fond conservé par le musée national. Cette exposition intitulée « Accordé O Jazz. Trésors d’une musique populaire » a eu lieu de juin à octobre aux A.B.D. Gaston Defferre. L’idée était de mettre en avant l’aspect populaire d’une musique jugé trop élitiste, avec ses liens au rap, aux balletti, au rituel, au carnaval, avec une reconstitution en forme d’hommage à l’Atlantique, le bar marseillais de Claude Djaoui qui a été « l’université populaire marseillaise du jazz ».
2017 a été marquée par une présence régulière du musicien à Paris, notamment au Bal Blomet, le plus ancien club de jazz parisien en activité, ré-ouvert après une réhabilitation audacieuse et respectueuse de son histoire. Raphaël Imbert, associé au pianiste Johan Farjot, y a imaginé une série de 50 soirées-concerts intitulées « Les 1001 Nuits du Jazz ». Ces rendez-vous thématiques, pédagogiques et créatifs, lui offrent la possibilité de retracer un pan de l’histoire du jazz et d’inviter des musiciens d’exception à jouer avec lui
Autre moment important de l’année, l’enregistrement de Music is My Hope au Studio Saint-Germain, projet qui fait suite à la création autour de Paul Robeson donnée en juillet 2016 au Festival d’Aix-en-Provence et au Grand Théâtre des Nuits de Fourvière à Lyon.
Cet album, sorti en janvier 2018 chez JazzVillage [PIAS] est un témoignage intime tout autant qu’une invitation au partage. La musique emmène à cet endroit où la musique est essentielle et brûlante, et réunit dans un même geste la protestation, la prière, l’activisme, l’amour, le sacré et le profane.
Music is My Hope a été distingué par une Victoire du Jazz 2018 dans la catégorie « Album inclassable ».
En parallèle de toutes ces activités, France Musique a confié à Raphaël Imbert des émissions radiophoniques, « L’Heur de Plaire de Raphaël Imbert » en 2016 ou « Swing chronique » en 2017.
Raphaël Imbert est compositeur associé au Théâtre du Briançonnais – scène conventionnée, pôle régional de développement culturel, pour les saisons 2018/2019 et 2019/2020.
Raphaël Imbert est Directeur artistique de La Compagnie Nine Spirit.
Il joue sur des saxophones Henri Selmer Paris.
La Compagnie Nine Spirit reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Département des Bouches-du-Rhône et de la Ville de Marseille. Certains de ses projets ont été soutenus par la Sacem, la Spedidam et l’Institut Français. Elle est résidente de la Cité de la Musique de Marseille depuis 2006.