Chapelier Fou

musique électronique

La musique comme un jeu de pistes. C’est par ces quelques mots que l’on serait tenté dans un  premier temps de résumer la discographie ‘officielle’ – les cassettes et autres Cdr passaient de mains en mains bien avant sa signature chez Ici d’ailleurs – de Chapelier Fou débutée en 2009 avec Darling, darling, darling…, un premier EP qui se payait déjà le luxe de contenir un morceau – qui donne son titre au disque – emblématique. Depuis se sont ajoutés à liste – entre autres – 6 albums et plusieurs EPs. Les deux derniers albums tels un dyptique, Méridiens et Parallèles datent de 2020.

Les uns y entendent des mélodies entêtantes, les autres une electro catchy, d’autres encore une complexité et une rigueur d’écriture impressionnantes héritées de son amour pour la musique classique. Certains tout ça à la fois. Il n’y a pas un bonne manière d’écouter Chapelier Fou, il y en a simplement plusieurs. En ce sens il y a quelque chose de rassurant dans cette musique qui réconcilie les approches, les fait cohabiter, évacuant d’emblée toute accusation de simplisme et/ou d’élitisme.

Et c’est là que l’aspect ludique de sa musique s’exprime. On peut se laisse guider, bien sûr, mais on est également largement invité à chercher des indices, des patterns, des sons qui se répètent, qui nous font redécouvrir la structure et le sens d’un morceau. C’est un processus d’implication de l’auditeur qui, immanquablement – et c’est heureux -, se transforme en processus de réappropriation. Il y a là-dedans ce qu’on serait tenté d’appeler une ‘pédagogie sonore’ : immerger, intriguer, impliquer, donner envie d’aller plus loin…

La musique comme une évasion. Et il n’est pas question ici que de la force évocatrice – évidente – de ses compositions. Non, on parle bien de cette étape qui consiste de passer de la création à la transmission, nécessitant de s’approprier d’autres espaces.

Et la scène est très vite devenue un terrain de jeu idéal pour Chapelier Fou, passant ainsi  de sa chambre d’étudiant où une grande partie de son œuvre à vu le jour aux scènes du monde entier, de l’Europe à la Russie, de l’Amérique du Nord à la Chine. Des tournées desquelles il profitera pour élargir sa banque de sons, dont certains se retrouveront sur disques.

La musique comme outil pédagogique. On en parlait plus haut, mais impossible de ne pas revenir sur cet aspect, qui s’il peut paraître abstrait sur disque, se concrétise lorsque Chapelier Fou est appelé à pratiquer des actions auprès de différents publics. Il est notamment intervenant au Cefedem de Lorraine, animateur de nombreuses master-class ou workshops, ou auteur du projet d’expérimentations et d’apprentissage Le Végétaphone, créé dans le cadre d’une résidence scolaire avec la salle de musiques actuelles L’Antipode à Rennes.

La musique, enfin, au service d’autres pratiques, par exemple la télévision lors de la participation du musicien à la série Les Contes du Paris Perché ; le cinéma avec le dernier film de Sophie Fillière La Belle et la Belle ;  l’art numérique, avec le projet interactif Les Métamorphoses de Mr. Kalia imaginé avec le collectif d’artistes Lab212 et présenté au Barbican Centre à Londres ; ou encore l’art contemporain avec une commande du Centre Pompidou Metz pour illustrer l’exposition Musicircus à travers six temps forts, installations, performances et lives. L’année 2019 a entre autre été marquée par sa création avec l’Orchestre National de Lorraine pour la réinterprétation de son dernier album Muance entouré d’une trentaine de musiciens, et sa participation à la série Variations produite par Sourdoreille, pour laquelle il a réinterprété le répertoire de Satie en duo avec Bachar Mar-Khalifé.