Après avoir publié trois premiers singles – le chill Satie I basé sur la 1ère Gymnopédie d’Erik Satie, le puissant Allegri basé sur le Miserere de Gregorio Allegri et le plus ambient Sheremetiev basé sur le chœur orthodoxe ‘Nine sili nebesniye, Thylacine démontre une nouvelle fois tout son génie et son agilité musicale avec TIMELESS. Ce nouveau disque le voit escalader certains des plus grands sommets de la musique, issus des répertoires de Mozart, Beethoven, Schubert ou Satie, traçant de nouvelles voies en s’appropriant et revisitant des partitions comme on explore de nouveaux territoires : loin des sentiers battus.
Un esprit d’aventurier qui stimule le jeune musicien et l’incite à envisager chacun de ses projets comme une expérience à part entière, déclinant différentes approches et idées du voyage. Après avoir enregistré ses premiers disques respectivement à bord du Transsibérien, sur les routes argentines et aux Îles Féroé (les incontournables Transsiberian, Roads-Vol.1 et Roads-Vol.2), le musicien s’est cette fois-ci tourné vers le temps plutôt que l’espace.
L’idée lui est venue il y a un an lorsqu’il entreprend d’offrir une relecture personnelle à la Gnossienne No. 1 d’Erik Satie. « Sur Timeless, le voyage est moins littéral que sur mes deux premiers disques, mais ça reste un voyage temporel, une plongée dans l’histoire de la musique qui fait sens avec le travail développé récemment », explique le musicien en référence à l’un de ses derniers singles, Versailles, composé à partir des sons émis par différents objets d’époque présents au sein du célèbre château. Cette fois, ni éléments extérieurs, ni références revendiquées. Ici, le retour dans le temps permet à Thylacine de créer de nouveaux paysages sonores à partir de ces pièces maîtresses de la musique, comme l’on développerait l’architecture de monuments afin d’en tirer des perspectives inédites. Curieusement familières et exotiques, celles de Timeless conjuguent les notes du passé avec les sons du futurs pour faire naître un présent immémorial.
Sur ce disque, Thylacine s’est donc laissé guider par l’envie de se confronter à des harmonies et des tempos éloignés de ses habitudes, avec en tête, un double objectif : d’abord se reconnecter avec son propre bagage, celui d’un musicien formé au conservatoire. Ensuite, mettre en exergue la partie la plus iconique de ces compositions connues de tous. Un challenge réussit qui apporte une nouvelle preuve de sa singulière créativité. Si parfois, Thylacine se contente de sampler un thème ; d’autres fois, c’est à de véritables relectures qu’il se livre, avec toujours cette volonté de ne pas en faire trop. Les conditions d’enregistrement s’y prêtent : « J’étais dans un chalet de haute montagne en Suisse quand le confinement a été annoncé. Je n’avais pas prévu d’y rester un mois, donc je n’avais que mon ordi, un clavier et une carte son. Ce minimalisme a été salvateur : il m’a permis d’éviter de surcharger des mélodies déjà extrêmement riches. »
Plutôt que de se retrancher derrière une certaine prudence, comme tout être humain affrontant un nouveau défi, Thylacine a donc abordé Timeless avec la certitude de pouvoir procurer ici le même dépaysement et la même envie d’altitude que sur ses précédents projets. « On retrouve chez Satie ou Allegri des principes d’écritures très présents dans la musique actuelle, que ce soit dans ces sonorités répétitives ou ces progressions mélodiques », dit-il, comme pour rappeler que, oui, ces symphonies et l’électronica puissante de Thylacine étaient faites pour se rencontrer.
Quelques photos de Thylacine en concert au Festival 1001 Notes :