Passionnées par les chants traditionnels des campagnes hongroises, les chanteuses du trio Nóta révèlent les traces de ces mélodies paysannes dans les oeuvres de Bartók, Kodály et Ligeti. Plaintes et lamentations, chants d’amour, récits épiques, chants à danser aux textes loufoques et aux rythmes endiablés, leurs voix mêlées tissent une matière sonore enracinée dans la terre, d’une inoxydable vitalité.

En hongrois, la nóta désigne un genre à part entière de la chanson populaire. Dans ces chants, texte et musique sont composés, précisément notés, signés. Ils attendent d’être magnifiés, traversés du souffle vivant des interprètes. Dans la pratique traditionnelle, les chanteurs s’autorisent de nombreuses variations et pour les amateurs du genre, c’est à la qualité de ces ornementations souvent improvisées qu’on juge la valeur d’une interprétation. Entre oralité et écriture, cette expression musicale, où excelle le peuple tzigane, s’établit à la lisière des pratiques musicales traditionnelles et savantes, bien souvent posées comme antagonistes. Séparation, deuil, exil sont les thèmes récurrents de magnifiques lamentations et complaintes, tandis que la poésie populaire et les textes des chants tsiganes révélant de petits bijoux d’humour ou de surréalisme. Le programme imaginé par Cati Delolme pour le Trio Nóta associe des œuvres chorales de Bartok, Kodaly et Ligeti, compositeurs hongrois majeurs de la modernité à des chants traditionnels issus des campagnes de Hongrie et de Transylvanie. Profondément engagées dans la recherche et l’étude de ces répertoires, les trois chanteuses du Trio Nóta invitent à de nouvelles circulations entre écriture et oralité, abolissant des hiérarchies devenues inutiles entre musique savante et pratiques populaires. Authenticité de l’interprétation, justesse de la sensation, profondeur du sentiment, énergie de l’instant, la musique du Trio Nóta sonne juste parce qu’elle est vivante, toujours en mouvement.