Le Festival 1001 Notes et Renaissance Solignac s’associent pour un concert de Noël aux Chandelles dans le cadre majestueux de l’abbatiale de Solignac avec le Concert de l’Hostel Dieu sous le signe de la joie !
Plus de 1200 chandelles illumineront la majestueuse Abbatiale de Solignac !
L’art baroque est un art avant tout rhétorique. Toutefois, les figures de styles et les règles formelles ne sont là que pour mieux accompagner l’explosion de couleurs et d’énergies nées du talent des grands maîtres baroques. Parmi ceux-ci, Bach, plus que tout autre, sait conjuguer fantaisie et rigueur, économie et foisonnement. Ainsi, maitrise du contrepoint et jubilation née de la danse, se rencontrent avec fluidité et naturel dans les Concertos brandebourgeois 3 et 4. Quintessence de la jouissance sonore, ces monuments instrumentaux dédiés à la virtuosité et à la joie constituent les piliers de Jubilatio, programme où les contemporains de Bach expriment leur propre vision de la jubilation en musique, que cela soit au service de Dieu ou de leur propre plaisir.
Bach et la joie
« Il me semble que la joie qui émane de l’œuvre concertante de J-S Bach est avant tout spontanée et terrienne. Inscrite dans le coup d’archet du violoniste et dans le geste du chef qui donne l’impulsion au collectif, c’est une allégresse immédiate et jaillissante, née du rythme orchestral qui vous prend à l’improviste et vous transporte. Ainsi, dès le début du 3ème concerto brandebourgeois, le rythme « croche/deux doubles », répété à l’envie et dans lequel on pourrait presque voir la transcription d’un rire, vous offre d’emblée cette joie simple, presque enfantine qui vous emporte dans une ronde auquel personne ne souhaite échapper.
Cette joie naît également de l’échange entre artistes et du plaisir à partager cette écriture musicale foisonnante. Dans ce même 3e concerto, le dialogue entre les groupes instrumentaux m’apparaît comme l’un des éléments essentiels du partage de la joie. La joute joyeuse à laquelle se livre violons, altos et violoncelles en est l’expression rhétorique la plus évidente, joute à peine interrompue par quelques échappées en solo et ponctuée par de puissants unissons. Cette joie ne pourra être complète que si elle partagée par un large public, l’œuvre de Bach étant universelle et intemporelle.
Bien entendu, cette jubilation, née du génie d’un seul homme, nous relie tous à une entité supérieure : selon les cultures et les sensibilités, l’on pourra évoquer l’énergie cosmique, un élan vital, Dieu ou bien encore la Nature. Dépasser l’émotion personnelle et conscientiser ce flux ouvert et rendu audible par le génie de Bach, c’est accepter la joie dans sa globalité et dans son mystère. Ainsi, peut-on avancer que la joie vient également de la perception de ce lien qui relie tout un chacun avec quelque chose de plus grand que soi. Assurément, Bach et ses contemporains, nous rappellent avec force ce que les stoïciens énonçaient quelques millénaires avant l’époque baroque : le seul fait d’être vivant est un cadeau et il nous appartient de le partager. »
Franck-Emmanuel Comte