Né le 12 juillet 1981 à Tel-Aviv (Israël), Yaron Herman débute l’étude du piano à 16 ans, après qu’une intervention chirurgicale ait anéanti ses espoirs de mener une carrière de sportif de haut niveau. Il suit l’enseignement d’Opher Brayer, dont la méthode est basée sur une approche mathématique et spirituelle de la musique, qui nourrit toujours son approche de l’improvisation. Des progrès rapides l’amènent à donner ses premiers concerts en Israël et à envisager des études au Berklee College of Music de Boston dont il repart insatisfait au bout de quelque temps. Au cours de ce qui devait n’être qu’une escale, il se fixe à Paris où, fréquentant squats artistiques et jam sessions, il se fait rapidement remarquer des médias et des professionnels. Travailleur acharné, il met une énergie athlétique à perfectionner sa technique et, à 21 ans, il cosigne son premier album, un duo, avec le batteur Sylvain Ghio.
Porté par un engouement médiatique qui ne se dément pas, salué au Concours de jazz de La Défense, Yaron Herman enregistre en 2005 un disque en solo sobrement titré Variations, qui affiche un répertoire délibérément éclectique (Gershwin, Gabriel Fauré, Sting, chansons populaires d’Israël…) et une sensibilité lyrique qui doit à l’écoute attentive de Keith Jarrett, Bud Powell, Lennie Tristano ou encore Paul Bley.
Deux ans plus tard, c’est à la formule du trio qu’il s’essaye, dans le disque A Time for Everything, accompagné de deux musiciens américains avec qui il partage abondamment la scène, le contrebassiste Matt Brewer et le batteur Gerald Cleaver, rencontrés à New York. C’est le début d’une reconnaissance internationale, qui se renforce avec la parution d’un second disque enregistré avec ce même trio, Muse (2009), augmenté sur quelques plages d’un quatuor à cordes.
Bien que se consacrant essentiellement au solo et au trio, Yaron Herman participe au projet Newtopia du saxophoniste Raphaël Imbert (2006) et donne plusieurs concerts en duo avec le clarinettiste Michel Portal. S’inscrivant dans une aire du piano jazz contemporain dont Keith Jarrett, Brad Mehldau, The Bad Plus ou encore Jason Moran ont délimité le périmètre, Yaron Herman ne craint pas d’affirmer une sensibilité pop – notamment par de vrais partis pris en matière de reprises – qui va de pair avec une expression extravertie et la revendication d’influences (Björk, Radiohead, Police) qui contribuent à la popularité et à la reconnaissance de ses talents de musicien.
Auteur : Vincent Bessières