Le 27 juillet 2022, le festival 1001 notes vous présente un spectacle musicale inédit : « Le procès de la musique ».  Nous avons interviewé Bertrand Périer, célèbre avocat auprès du Conseil d’État et de la Cour de cassation et enseignant spécialiste de l’art oratoire afin d’en apprendre un peu plus sur les spécificités de ce spectacle. Il sera accompagné au piano par son ami Nicolas Stavy pour jongler entre discours oratoire et discours musical.

 

Bonjour Bertrand, quelles sont vos passions dans la vie ?

Il y a deux choses qui me passionnent dans la vie, c’est la parole et la musique. Quand j’étais jeune, j’étais passionné de musique mais je jouais très mal, donc par respect pour les gens qui jouent très bien je n’en joue plus ! Et puis avec le temps, devenant avocat et en ayant fait des concours d’éloquence, je me suis intéressé à la question de la prise de parole en public. Je vais monter un spectacle avec un ami de longue date qui s’appelle « le procès de la musique » et qui réunit mes deux passions : le piano et l’art oratoire. Le spectacle consistera en un dialogue entre un avocat et un pianiste. L’avocat va accuser le piano de divers griefs, et celui-ci va répondre avec sa meilleure arme : le piano. Le public pourra juger à la fin si le piano est coupable ou non des accusations qui lui sont portées.

 

 

Est-ce que le fait d’opposer le piano à l’art oratoire n’est pas une façon d’opposer deux langages ?

C’est une façon d’opposer de manière artificielle, car en réalité ils sont tous deux complémentaires. L’idée était d’opposer deux disciplines : la parole et la musique. Je pense que c’est assez inédit de le faire de cette manière. Il y a déjà eu des procès pour beaucoup de choses, j’ai fait le procès de Dieu, de Socrate, on peut faire le procès de tout ! Tout cela est né évidemment de l’amitié entre Nicolas Stavy (pianiste) et moi, l’idée nous est venue sous forme de blague de fin de soirée même ! Parmi ses deux langages, l’un est surement plus explicite que l’autre.  Les mots veulent dire ce qu’ils veulent dire alors que la musique ne fait que suggérer, et pour autant il y a quand même des parentés. La parole, tout comme la musique, est censée faire naître des images et des sentiments dans l’imaginaire de l’auditeur. C’est aussi tout ça que l’on va explorer, la capacité de narrer, d’émouvoir, de plaire. La trilogie de l’art oratoire, plaire, émouvoir et convaincre, c’est aussi quelque chose que l’on peut rencontrer dans la musique qui a parfois des aspects plaisants, émouvante ou convaincante. Ce sont deux formes de langages qui ont de réelles parentés. La parenté évidente c’est aussi celle du silence, puisque le musicien se nourrit du silence qui fait partie de sa partition, tout comme l’orateur.

Pourtant le spectacle est un « procès », cela met donc en opposition les deux disciplines alors qu’ils sont totalement complémentaires

Oui bien sûr ! Mais il n’est pas exclu qu’il y ait une réconciliation à la fin et que je me rallie à la musique et que je renonce à toute accusation pour finir avec un quatre mains qui vous surprendra ! À la fin, en effet, j’enlèverai ma robe et je viendrai rejoindre Nicolas Stavy au piano pour le quatre mains.

Dans ce cas vous jouez très bien du piano ?

Non, je joue très mal du piano ! Mais nous avons trouvé un quatre mains qui est en réalité un trois mains, ce qui me permet de façon très facile de conclure sur quelque chose qui est symboliquement amusant.

Propos recueillis par Thomas Lecrohart

Bertrand Périer présent au Festival 1001 notes 2022,  le 27 juillet 2022 plus d‘infos ici