Thibault Cauvin, guitariste avec pas moins de 36 prix internationaux à l’âge de 20 ans est avec nous en interview afin de nous en dire plus sur son vécu et sur sa performance au Festival 1001 notes 2022. Après avoir voyagé pendant plus de 15 ans, il en est revenu riche d’expériences humaines et musicales.
Quels sont les critères moments clés de votre parcours musical ?
J’ai commencé la guitare tout jeune avec mon père qui était guitariste. Je n’ai même pas souvenir de mes premières notes c’était parfaitement naturel. Je dis parfois en rigolant que la guitare est ma langue paternelle tandis que le français est ma langue maternelle. J’ai étudié au conservatoire de Bordeaux, puis au conservatoire de Paris. En parallèle, j’ai passé beaucoup de concours internationaux où j’ai eu la chance de remporter 36 prix internationaux ce qui est un record.
A mes 20 ans, je me suis embarqué pour une tournée de concerts qui a duré 15 années. De mes 20 ans à mes 35 ans, j’ai vécu en nomade à donner plus de 1000 concerts dans plus de 120 pays. La guitare est l’instrument d’ouverture et de voyage par excellence, et j’ai tâché de faire de même pour ma vie.
Comment avez-vous connu le Festival 1001 notes ?
Je partage totalement la philosophie du festival qui est un festival de musique classique ouvert, qui accueille un public large avec une musique de très grande qualité, mais qui pour autant s’adresse à tous les curieux, initié ou non à la musique. J’ai été invité à jouer il y a 2 ans et je me suis tout de suite senti à l’aise, en famille, comme si je jouais pour des amis. Au vu de la très bonne expérience que j’ai vécue il y a deux ans je suis très heureux d’y retourner !
En quoi se caractérise votre répertoire musical ?
Moi je joue en solo, c’est ça que j’aime, c’est l’intensité du tête à tête avec le public, et je joue justement des musiques que j’ai cueillies dans tous ces pays, aux quatre coins du monde. Pendant mon voyage, j’ai collaboré avec des compositeurs et j’ai aimé ramener de ces contrées lointaines des sonorités un peu inattendues, mon répertoire est en partie constitué de ces musiques d’ailleurs.
En plus de ça je viens de sortir un disque concernant les musiques de films. Je me suis amusé à retranscrire beaucoup de musique du cinéma, avec des films qui eux aussi ont ce parfum de bout du monde. Le répertoire va être divisé en trois parties :
- Musique de films
- Voyage
- Voyage intérieur
Vos voyages font de votre répertoire un répertoire totalement atypique aux yeux du grand public n’est-ce pas ?
C’est un répertoire totalement inédit, qui est complètement libre et qui est profondément personnel. Je joue réellement qui je suis en musique car c’est ce qui me plaît.
Qu’est-ce que vous allez jouer au Festival 1001 notes 2022 ?
Je vais jouer quelques musiques de films, des musiques aussi que j’ai cueilli au bout du monde, qui raconte un grand voyage dans des pays comme la Mongolie, l’Inde ou la Turquie. Je vais probablement proposer quelques musiques de Bach qui sera le sujet de mon prochain disque, le voyage intérieur.
La diversité de votre programme permet aussi de satisfaire un large public, ce qui est en accord total avec la philosophie du festival. Mais après avoir vécu autant d’expérience dans votre vie, quelles sont vos ambitions futures ?
J’ai un projet qui me tient très à cœur, je sors dans quelques jours un livre. Cela fait 1 an que je vie une expérience un peu incroyable. J’ai été invité par François Delétraz, journaliste culturelle au sein du Figaro, à écrire ma biographie. Au début j’ai refusé qui à 37 ans je ne me sentais pas du tout légitime. Il a insisté et finalement j’ai été pris de passion pour cette aventure qui a duré 1 an en retranscrivant ce voyage et cette vie de nomade que j’ai vécu pendant 15 ans. C’est un livre très intime où j’ouvre mon cœur sur ma vie, ma famille, mes passions. Le livre sort le 9 février 2022 et s’appelle « À cordes et à cœur ».
Comment voyez-vous l’évolution de la musique classique ces dernières années, notamment entre concert live ou en streaming ?
Je suis très attaché à l’actualité technique et c’est vrai que j’ai essayé de donner des concerts en streaming et de proposer des lives sur les réseaux sociaux, malgré tout je reste viscéralement attachée au concert live, aux moments magiques et je ne pourrai jamais m’en défaire. Le reste est amusant mais la seule chose qui reste bouleversante, selon moi, c’est la réalité d’être ensemble dans une salle avec le public.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs musicien(nes) qui souhaitent vivre ce que vous avez vécu ?
C’est une passion totale, plus on avance et plus elle est intense. C’est beaucoup de travail, un dévouement sans fin mais aussi une aventure de vie fabuleuse. Pouvoir jouer pour les gens, vivre un moment avec un public c’est unique et d’une force inégalable. J’invite les jeunes musiciens à donner des petits concerts. Très souvent quand on est étudiant au conservatoire, les seuls rendez-vous que l’on a avec un public, ce sont les examens. Du coup l’ambiance est plutôt désagréable. Alors que moi j’ai été élevée à jouer tout le temps. Un concert ça peut être dans une grande salle située dans une capitale du monde, mais ça peut être aussi joué pour sa grand-mère / grand-père au moment du thé, et ça aussi c’est un concert. La finalité de ce travail acharnée, c’est de pouvoir le partager avec les gens.