Lynda Bisch : « Ce que j’aime partager en tant que cheffe de choeur, c’est l’expérience collective, le fait de tous se retrouver sur un temps, une harmonie, une vibration… » 

Lynda Bisch : « Ce que j’aime partager en tant que cheffe de choeur, c’est l’expérience collective, le fait de tous se retrouver sur un temps, une harmonie, une vibration… » 

vendredi 23 juin 2023

Chanteuse lyrique, directrice artistique de la compagnie Fauvelle et du Choeur Universitaire de Limoges, Lynda Bisch animera cet été un atelier vocal lors du Festival 1001 Notes. A cette occasion, elle nous parle de son parcours, de son approche centrée sur le corps et de la façon dont elle envisage le chant comme une discipline holistique. 

Vous avez d’abord fait des études de piano, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours, de ce qui vous a mené au chant ?

J’ai toujours chanté, aussi bien en étant petite que plus tard dans des groupes. J’ai découvert le chant choral au lycée, ce qui fut pour moi une révélation. J’ai chanté ensuite à la maîtrise de Notre-Dame, ce qui a été de loin l’expérience la plus formatrice, avant de rejoindre les choeurs de l’Opéra de Limoges. Actuellement, je dirige le choeur Universitaire de Limoges, composé d’une quarantaine de choristes. Ce que j’aime partager en tant que cheffe de choeur, c’est l’expérience collective, le fait de tous se retrouver sur un temps, une harmonie,  une vibration… c’est quelque chose de très intense. 

« Le but est d’apprendre à chanter mais c’est l’être humain tout entier qui est pris en compte »

 

Comment avez-vous rejoint l’aventure 1001 Notes ?

Albin me connaissait en tant que cheffe du choeur universitaire, et nous avons commencé à collaborer à l’occasion du concert de Noël dernier. Albin de La Tour m’a proposé de participer au concert, et j’ai immédiatement accepté. C’était une très belle expérience, qui nous a donné envie de continuer à travailler ensemble.

Vous allez donner un stage cet été dans le cadre du festival. Pouvez-vous nous parler de votre approche, du public auquel il s’adresse ?

Mes outils sont accessibles pour des personnes qui n’ont jamais chanté. J’utilise par exemple des méthodes de la psychophonie :  ce sont des exercices très simples qui vont faire appel à certains points dans le corps, révéler ses éventuels blocages et le mettre en résonance. Même si on ne veut pas être chanteur professionnel, c’est une manière de se reconnecter à soi-même, dans une dimension presque holistique.  Le but est d’apprendre à chanter mais c’est l’être humain tout entier qui est pris en compte, ce qui permet des bienfaits collatéraux. Je propose également des exercices inspirés de la méthode Alexander, centrée sur le corps dans sa globalité. Le stage sera très physique et comportera beaucoup d’exercices au sol. 

«  Un concert doit selon moi rester un événement à part entière, dont il faut également soigner les dimensions visuelles et narratives. »

 

Vous êtes actuellement assistante vocale sur la plateforme participative Unisson de lOpéra de Limoges. Qu’est-ce que cette plateforme et quel est votre rôle ?

Avec Eve Christophe, responsable de la plateforme, et Thomas Costille (pianiste),  nous faisons travailler des enfants, dont la plupart sont originaires des quartiers. Grâce au projet OperaKids, ceux qui n’ont pas accès aux formations classiques des écoles ou des conservatoires peuvent ici recevoir un enseignement musical et acquérir assez vite une bonne maîtrise technique. Il y a aussi le projet Un chant, une chance, qui permet à des adultes aux parcours variés de découvrir les possibilités de leur voix et de participer à des concerts.

Cette année, ils chanteront à lopéra de Limoges le 23 juin dans le spectacle « Pourquoi tu cries? » .

-Comment percevez-vous l’opéra et la musique classique dans la société actuelle ? Quels sont les moyens de les rendre plus accessibles et attractifs? 

Le récital classique est moins attractif quil ne la été et mélanger les genres et les disciplines permet d’attirer plus de monde. Cela augmente les chances de conquérir un public qui ne serait peut-être pas venu autrement. En ce sens, le concert Cinéma Symphonique est particulièrement intéressant car il comporte un comédien et un narrateur en plus des musiciens. Faire intervenir le public est aussi une bonne manière de capter l’attention, dans la mesure où les gens participent à l’expérience au delà de celle de spectateur. Un concert doit selon moi rester un événement à part entière, dont il faut également soigner les dimensions visuelles et narratives. 

-Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes qui aspirent à une carrière dans le domaine de la musique en particulier dans l’Opéra ?

Comme  le disait Regina Werner ,   » La voix c’est comme un chat on ne peut pas la forcer à aller là ou elle ne veut pas ». Elle répond en effet à l’exigence de ce que nous sommes il s’agit donc de trouver l’équilibre entre un travail assidu et une forme de sagesse du laisser faire.

 

Propos recueillis par Morgane Gander

Crédit photo : Olivia Borne