Nicolas Horvath : « faire tomber toutes les barrières entre les musiques »

Nicolas Horvath : « faire tomber toutes les barrières entre les musiques »

samedi 22 mai 2021

Passionné de musique de jeux-vidéo dont il glisse volontiers des extraits dans ses concerts, le pianiste Nicolas Horvath nous fait l’honneur d’ouvrir cette nouvelle édition du Festival 1001 Notes le 24 juillet prochain. Entretien.

 

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous aujourd’hui ?

« Plutôt heureux ! Je viens d’avoir un fils, il a deux mois et on le découvre un peu plus chaque jour avec mon épouse. En plus, les beaux jours commencent à arriver, et le confinement semble enfin se lever, on commence à entrevoir la possibilité de quelques concerts, et ça met en joie. C’est comme si on sortait de l’hiver. ! On a eu le « winter is coming » avec le Covid, et il semblerait que nous puissions enfin sortir de nos cachettes, et c’est pas plus mal !

 

Vous faites référence à la pop culture, notamment en évoquant la série Game Of Thrones. C’est quelque chose qui influence votre musique ?

Difficile à dire… Je vois plutôt la culture d’une manière globale, comme un tout. Que se soit par la musique de jeux-vidéo ou même par certaines musiques de séries, j’essaie surtout de célébrer la musique et de la rendre accessible à tous avec la plus grande qualité possible. C’est vrai que la musique classique a des standards de qualité de production assez élevés, et on essaie de rendre hommage à toutes les musiques à travers cette exigence. C’est notre démarche avec des labels comme Wayô ou avec des événements comme le Festival 1001 Notes.

Vous venez d’évoquer la musique de jeux-vidéos. Êtes-vous un joueur de jeux-vidéos ?

J’étais quelqu’un qui jouait beaucoup, mais je n’ai malheureusement plus le temps… Petit, je voulais même devenir testeur de jeux-vidéos, mais à la fin des années 1980, c’était une voie plus qu’incertaine et mes parents se sont donc toujours opposés à cette idée. Je pense que j’avais vraiment un bon niveau à l’époque, j’étais capable de « one lifer » (terminer un jeu sans mourir une seule fois, NDLR) Ghost and Goblins ou même Megaman.

J’ai beaucoup joué jusqu’à la Playsation 2 ; la 3 était un peu inaccessible. Ensuite, j’ai voulu m’acheter la 4 et la 5 mais ça ne s’est pas fait parce que j’ai peur d’y passer beaucoup trop de temps. Tel que je me connais, si je commence une aventure (sur le très alléchant Final Fantasy XV par exemple) je vais y passer des nuits entières. Par contre, mon épouse m’a offert un émulateur de jeux d’arcade qui sont des jeux beaucoup plus rapides et moins chronophages plus en phase avec mon emploi du temps très chargé.


Interpréter de la musique de jeux-vidéos en tant que pianiste classique est-il pour vous un moyen de faire sortir la musique classique de ses cercles d’initiés ? Ou bien est-ce une envie beaucoup plus personnelle ?

C’est surtout pour faire en sorte que la musique de jeux-vidéos puisse avoir le traitement qu’elle mérite ! C’est de plus en plus le cas aujourd’hui avec par exemple la musique de Final Fantasy XIV qui a enfin été bien traitée, mais l’on ne peut pas en dire autant de tous les opus précédents où la qualité de production est extrêmement mauvaise. On sent que les musiciens font seulement du déchiffrage et s’en fichent royalement. Comment peut-on apprécier cette musique si elle est maltraitée ?

Quand j’ai commencé à défendre cette musique, je m’amusais à la glisser en plein milieu de mes concerts de musique classique. Entre Liszt, Debussy et Chopin, tu trouvais du Uematsu (compositeur de la musique de Final Fantasy, NDLR), et le public adorait ça ! Je ne le disais surtout pas au programmateur, jusqu’à encore récemment, c’était un péché capital. Il ne fallait pas jouer de musique de jeux-vidéos, et encore moins quand tu es un interprète classique. Je disais simplement aux programmateurs que c’était des musiques de compositeurs contemporains japonais très inspirés par Debussy et par le jazz, ce qui est une description fidèle qui me permettait de jouer cette musique en concert sans les affoler.

Comment avez-vous découvert le Festival 1001 Notes ?

On s’est découvert l’an dernier grâce aux réseaux sociaux. À cette époque, j’y étais retourné car j’avais une demande de mes fans et de mes amis à la suite de l’annulation de tous les concerts. C’était aussi une manière pour moi de soutenir une partie de ma famille qui travaille dans le domaine hospitalier. Au même moment, le Festival 1001 Notes organisait des concerts confinés, et la relation s’est établie naturellement et a abouti sur la création d’un contenu que nous voulions le plus qualitatif possible avec les moyens du bord. Un point sur lequel nous nous retrouvions était l’envie de mettre à l’honneur toutes les musiques sans aucune barrière. Nous avons donc préparé cinq ou six concerts différents où j’ai pu jouer de la musique composée par des femmes, de la musique contemporaine, de grands classiques, de la musique de jeux-vidéos ou de séries… J’étais très heureux de cette première participation au festival : l’ambiance était excellente, on s’est vraiment senti en communion.

Votre concert aura lieu le 24 juillet prochain à 18h, ce qui en fait le premier concert de cette édition. A quoi le public doit-il s’attendre ?

On peut presque dire que l’on fait la première partie du concert de Vladimir Cosma qui sera juste après le nôtre. C’est sans doute l’un des plus grands compositeurs français de musique de films. Il a personnellement bercé mon enfance avec des thèmes très emblématiques. Avec Laurent Coulondre, nous avons donc décidé d’aborder sa musique avec des approches « virtuoses classiques » et « virtuoses jazz ». Le tout sera accompagné de quelques bœufs. Le public va donc pouvoir redécouvrir la musique de Vladimir Cosma à travers cette mise en lumière que nous proposerons.

L’année 2020 a pour vous été riche en sorties…

Tout à fait. D’abord il y a eu de la musique de jeux-vidéos, avec toute la musique de Final Fantasy VII au format digital, un arrangement de la musique de Little Big Adventure et un autre pour les dix ans de Magician Lord. Il y a aussi un album de musique expérimentale des dernières compositions d’Alvin Lucier qu’il a écrit pour moi, sans oublier toute la musique de Brillon de Jouy qui est un peu l’équivalent français et féminin de Mozart ! »

Propos recueillis par Paul Lemarchand

 

 

Plus d’infos sur toutes les actualités de Nicolas Horvath sur son site web.

Retrouvez les interprétations de Nicolas Horvath pour le Festival 1001 Notes sur notre chaîne YouTube.