Critique de diapason de À la Mazur

Critique de diapason de À la Mazur

jeudi 3 février 2022

4 Diaspasons : Gaspard Dehaene (piano).
1001 Notes. Ø 2020. TT : 1 h 09’.
TECHNIQUE : 3,5/5

Quelque peu disparate, le programme que propose Gaspard Dehaene réunit des grands chefs-d’œuvre composés à Nohant, trois recueils de mazurkas et des pièces mineures. Un prélude curieusement isolé de son cycle originel ajoute encore à l’hétérogénéité de ce récital. Pour autant, le pianiste de trente-quatre ans se révèle partout au niveau d’une musique aussi géniale que fuyante. Il développe un jeu racé et lumineux, exemplaire de droiture et d’une authentique élégance.

L’imagination sonore, en regard de ces interprétations exigeantes, apparaît parfois un peu réduite (Berceuse trop rectiligne). Un tel parti pris esthétique, résolument apollonien, s’adapte aux vastes pages de la maturité de Chopin. La Ballade no 4 avance toujours avec une belle éloquence, même s’il lui manque un rien d’ombre et de mystère (voire de folie dans la coda) pour convaincre tout à fait. La Barcarolle, aux phrasés joliment galbés, suit une irrésistible progression, jusque dans sa somptueuse apothéose parfaitement menée. Quant à la Polonaise op. 44, elle affiche une autorité remarquable où s’équilibrent à merveille fureur et nostalgie.

Les mazurkas sont abordées avec beaucoup de simplicité et d’entrain aussi (op. 24 no 2, op. 63 no 1), sans toutefois la magie que certains leur imprimèrent. Le Nocturne op. posthume sait être intense et se garder de tout alanguissement, la Valse op. 69 a la sobriété voulue. Un disque prometteur.

Jean-Yves Clément  – Diapason du mois de février 2022