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Anastasia Kobekina : « L’archet cœur à vif »

mardi 18 juin 2024

À Ekaterinbourg, sa ville natale, Anastasia Kobekina s’initie dès son plus jeune âge au violoncelle auprès de parents musiciens et donne son premier concert avec orchestre à l’âge de 6 ans. Accompagnée par sa mère pianiste pour exceller lors de nombreux concours, Anastasia Kobekina prend son envol à sa majorité. A seulement 30 ans, l’artiste russe aujourd’hui installée en Allemagne semble caresser du doigt le zénith de sa carrière. 

Pourtant, la violoncelliste au curriculum vitae qui ferait pâlir nombre de ses contemporains a soif de reconnaissance et de projets. Après avoir déjà vogué dans le monde, elle réalise son premier album solo « Venice », véritable ode pour l’un des berceaux de la musique baroque occidentale. Elle nous invite dans cet album à plonger dans une véritable fresque musicale et temporelle, en nous narrant avec l’archet, plus de 300 ans d’histoire en 23 morceaux diablement bien maîtrisés. 

Festival 1001 Notes : Qui êtes-vous, d’où venez-vous et quel a été votre parcours scolaire ?

Anastasia Kobekina : Je suis originaire d’Ekaterinbourg en Russie, une ville au cœur de l’Oural bien éloignée de Moscou. Concernant mon parcours scolaire, il faut savoir que ce dernier n’est pas encore terminé. Cependant, si on remonte en arrière, quand j’étais petite, j’étais une élève à l’énergie débordante, peut-être un peu trop. Pour preuve, j’étais tellement casse-cou à l’école que j’ai réussi l’exploit de me casser les jambes deux fois en jouant avec mes amis dans la cour de récréation ! rires

En classe, j’étais une élève à deux visages : plutôt studieuse grâce à la stricte éducation de ma mère, mais aussi un peu rebelle, surtout avec une amie proche avec qui j’ai fait les 400 coups, au grand dam de nos professeurs ! Ensuite, je me suis assagie à l’adolescence en me consacrant très sérieusement au violoncelle, un instrument complexe à apprivoiser et qui demande une grande concentration. 

Tous ces enseignements m’ont définitivement convaincue qu’il est essentiel de conserver en soi sa curiosité enfantine, notamment lorsque l’on apprend à maîtriser un instrument. C’est ainsi que l’on évite que cela ne devienne un exercice rébarbatif dénué de joie et de frissons.

Festival 1001 Notes : Comme ESTHER ABRAMI, vous faites partie de cette nouvelle génération de musiciens qui transmettent leur passion via les réseaux sociaux. Pourquoi cette transmission est-elle essentielle d’après vous ?

Anastasia Kobekina : Je dirais qu’il y a deux raisons principales qui m’animent. Premièrement, Instagram permet de rencontrer une multitude de gens d’horizons divers et variés, c’est très enrichissant. Les réseaux sociaux permettent aussi de découvrir les talents d’autres personnes, artistes, ce qui est très inspirant. Ensuite, il important de montrer aux nouvelles générations que la musique classique est résolument moderne. Montrer des extraits de répétition, les salles où je joue… Quoi de mieux que le pouvoir visuel et hypnotique des réseaux sociaux pour inviter tous les publics à découvrir le violoncelle, les rassurer en leur montrant que tout un chacun peut venir à un concert de musique classique, même sans en connaître ou en « comprendre » la musique.

L’essentiel, c’est de leur donner envie de venir voir un concert en live, il n’y a rien de mieux pour ressentir des émotions à l’état pur.

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Festival 1001 Notes : Vos parents sont tous les deux de grands musiciens. Vous honorez cet héritage aujourd’hui, mais était-ce chose aisée de grandir dans cet univers musical et de vous épanouir en tant qu’individu ?

Anastasia Kobekina : C’est difficile à dire, mais cela a été pour moi majoritairement positif. J’ai joué avec ma mère qui m’accompagnait au piano jusqu’à mes 18 ans lors des différentes auditions et concours, ce qui nous a permis de tisser un lien très fort avec elle. C’est aussi grâce à elle que j’ai pu me concentrer à 100 % sur l’étude du violoncelle, elle est indéniablement un véritable roc dans mon apprentissage en tant que musicienne et femme, ce qui est l’un des plus beaux cadeaux qu’elle ait pu me faire. Cependant, et comme pour la plupart des musiciens de musique classique, je n’ai pu me concentrer que sur le violoncelle et le fait de pouvoir m’adonner à d’autres passions ou hobbies me manque parfois.

Maintenant que je maîtrise mon instrument, j’aimerais essayer d’autres choses, mais je cours après le temps ! rires

Festival 1001 Notes  : À seulement  30 ans, vous êtes déjà une violoncelliste reconnue. Vous avez remporté de nombreux concours, accompagné des orchestres à travers le monde, et vous êtes aussi soliste… Quel statut préférez-vous ?

Anastasia Kobekina : C’est une question difficile, comme si vous me demandiez de choisir entre mon père et ma mère ! rires

En vérité, je m’épanouis dans toutes ces configurations qui me nourrissent à chaque instant. Je me sens très chanceuse de pouvoir être invitée à de nombreux projets différents, ce qui me permet aussi de rencontrer un large public.

Festival 1001 Notes : Parlez nous de « Venice », votre premier album solo. Pouvez-vous partager la genèse de sa réalisation et ce qu’il raconte ?

Anastasia Kobekina : J’ai toujours été attirée par cette ville, c’est l’un des carrefours de la musique baroque. Pour partager cette fascination, j’ai voulu recréer cet univers en musique, afin de pouvoir le “faire voyager” partout dans le monde lors de mes concerts. La musique est un vecteur idéal pour transmettre cet univers. Ce voyage, que je propose, se fait en compagnie des grands compositeurs de l’époque baroque comme Monteverdi ou Vivaldi par exemple.

A travers cet album, je parle aussi bien de la Venise d’aujourd’hui que de la Venise d’antan. C’est une fresque musicale sur près de 400 ans d’Histoire qui invite le public à voyager avec moi à travers différentes époques de la cité des Doges.

Festival 1001 Notes : Vous avez mentionné d’autres passions qui vous animent. Quelles sont-elles ?

Anastasia Kobekina : J’aime beaucoup la photographie et le dessin.

Quand on parlait d’instant présent tout à l’heure, c’est une philosophie qui cadre parfaitement avec la photographie. Une belle photographie dépend du talent de la personne derrière l’objectif, mais aussi du contexte : être au bon endroit au bon moment, avec le bon angle, la bonne luminosité… Malheureusement, ce serait un hobby à plein temps à développer et je ne le peux pas, alors je me mets actuellement au tricot, c’est plus simple : on peut en faire à n’importe quel moment et pas besoin de beaucoup de matériel !

Festival 1001 Notes : Qu’est-ce que l’on retrouve en ce moment dans le baladeur d’Anastasia Kobekina ?

Festival 1001 Notes : Pour conclure, qu’attend le public de 1001 Notes lors de votre future présentation ?

Anastasia Kobekina :  Comme je le disais précédemment, je vous invite à voyager avec moi et mon violoncelle pour guide afin de plonger vos oreilles dans 400 ans de musique baroque dans la ville aux multiples visages qu’est Venise. Un voyage imaginaire et musical qui, je l’espère, vous transportera dans le temps, mais aussi dans l’émotion pure.

 

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