En plus d’être une violoniste de talent, Esther Abrami est une artiste singulière qui a su s’ancrer dans son époque et comprendre son public.
Propulsée aux devants de la scène grâce à ses contenus authentiques et spontanés sur les réseaux sociaux, la violoniste incarne les aspirations de la nouvelle génération. Pour Esther Abrami, les réseaux sociaux ne sont pas uniquement des canaux de diffusion ou des outils pour développer son « image de marque », comme pourraient analyser hâtivement les ayatollah du marketing d’influence. Non, c’est bien plus que cela.
Véritable révélations salvatrices, ces plateformes permettent aujourd’hui à Esther Abrami, de certes partager son art, mais aussi d’être une médiatrice de la musique classique, d’accompagner tous les publics, sans jugement et en toute sincérité, vers ce genre qui nous a tous touché à plus d’un titre dans nos vies. Esther sera sera en concert le 18 juillet au Festival 1001 Notes.
Festival 1001 Notes : Bonjour Esther Abrami, merci d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter, nous dire d’où vous venez et nous parler de votre parcours scolaire ?
Bonjour, je m’appelle Esther Abrami, j’ai 27 ans et je suis originaire de Marseille. Mon parcours scolaire a débuté de manière assez classique jusqu’à mes 11-12 ans. Ensuite, j’ai opté pour le CNED, des cours par correspondance, afin de concilier mes études avec ma passion pour la musique au conservatoire. À l’âge de 14 ans, j’ai poursuivi mes études “musique et cours” en partant à Manchester, en Angleterre.
S’en est suivi pour les études supérieures une licence au Royal College of Music de Londres. J’ai terminé mes études en 2016 avec l’obtention d’un diplôme de master au Conservatoire de Birmingham.
Festival 1001 Notes : quel a été le déclic qui vous a poussé à réaliser des vidéos de votre art sur les réseaux ?
Ma passion pour le violon s’est développée au fil du temps, notamment grâce à ma grand-mère. Les réseaux sociaux sont arrivés bien après et ont joué un rôle essentiel dans ma carrière, mais aussi pour mon bien-être personnel.
Les études au conservatoire m’ont permis d’avoir une rigueur et de pouvoir jouer la musique devant un public et des jurys exigeants. Cependant, je ne trouvais plus ma place dans ce monde, que dis-je, dans cette bulle estudiantine et très protocolaire. J’ai par moment hésité à tout lâcher et arrêter mes études pour ne pas me dégoûter de la musique.
Mais grâce aux réseaux sociaux, et notamment à Instagram, j’ai pu partager ma musique et ainsi me connecter avec un nouveau public, plus large et qui a envie de découvrir les coulisses du travail d’une artiste de musique classique. Ce fut une révélation cathartique, une évolution naturelle pour moi de passer de la solitude de mes études à une plateforme où je pouvais partager ma musique de manière plus libre et spontanée.
Festival 1001 Notes : Vous avez abordé les réseaux sociaux comme un moyen de partager votre musique de manière plus authentique. Avez-vous déjà envisagé d’ouvrir une chaîne Twitch pour interagir en direct avec votre public ?
Oui, récemment j’ai commencé à explorer l’univers de Twitch. C’est un médium fascinant qui offre de nouvelles possibilités pour interagir avec mon public en temps réel. C’est surtout mon compagnon, plus adepte du monde des jeux-vidéos qui m’a parlé de Twitch mais je ne m’interdit pas un jour de sérieusement utiliser cette plateforme pour partager ma passion pour la musique de manière plus directe et interactive.
Festival 1001 Notes : Vous êtes également connue pour vos reprises de tubes pop-culture au violon. Quelle est celle que vous avez le plus appréciée de jouer, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans votre discographie ?
Une de mes reprises favorites est celle de la musique du film « Les Choristes ». Ce film a marqué mon enfance, et j’ai pris beaucoup de plaisir à réinterpréter cette musique au violon. Dans mon album « Cinéma », je cherchais à réarranger des morceaux emblématiques pour leur donner une nouvelle vie et une touche personnelle.
Festival 1001 Notes : Peut-on parler de “Cinéma” comme d’un album de remix en quelque sorte ?
*rires* Alors c’est vrai que c’est un terme que l’on utilise peu en musique classique, mais en effet, on peut dire que ce projet se rapproche d’un travail de remix !
Festival 1001 Notes: Comment s’est passée la sélection des morceaux à inclure dans cet album, mêlant à la fois des classiques de la musique de film et des compositions de grands compositeurs de musique classique ?
La sélection des morceaux a été un processus délicat. J’ai voulu créer un équilibre entre des morceaux cultes de la musique de film et des pièces incontournables de musique classique comme celles de Pjotr Tchaïkovski, Dmitri Chostakovitch ou encore Astor Piazzolla.. Je voulais également inclure des œuvres de compositrices pour diversifier le répertoire. Chaque morceau a été choisi avec soin pour créer une expérience musicale cohérente et immersive.
Festival 1001 notes: Vous vous exprimez de plus en plus pour une réhabilitation et meilleure valorisation de compositrices du monde. souhaitez-vous nous EN DIRE PLUS ?
Absolument, je suis très passionnée par cette idée. Mon prochain album sera en effet dédié à mettre en avant le talent des femmes compositrices et musiciennes. Je crois fermement en la nécessité de valoriser leur contribution à la musique classique et de continuer à promouvoir la diversité et l’inclusivité dans ce domaine.
Malheureusement, je ne peux pas vous en dire plus, car pour être honnête, nous sommes en ce moment en plein “brainstorming” sur le sujet *rires*
Festival 1001 Notes : En parlant de diversité musicale, vous participez prochainement au festival 1001 Notes pour la soirée “gala cover challenge”.
Pouvez-vous nous donner un aperçu du programme et nous expliquer comment vous avez préparé ce spectacle avec les autres artistes ?
Nous travaillons en collaboration à distance avec les autres musiciens du plateau pour préparer ce spectacle. Nous allons présenter un mélange de nos répertoires respectifs, avec des arrangements spécialement conçus pour cet événement. Nous avons hâte de partager la scène et d’offrir au public une expérience musicale unique et diversifiée.
Je vais aussi jouer des titres de mon dernier album afin de le faire découvrir au public du festival.
Festival 1001 Notes : Pour terminer, pourriez-vous nous recommander un musicien ou une musicienne de votre génération qui vous inspire et partage également sa passion sur les réseaux sociaux ?
Je tiens à recommander deux femmes exceptionnelles. Tout d’abord, Anna Lapwood, organiste, que j’ai eu le plaisir d’interviewer dans mon podcast « Woman in Classical ». Ensuite, Nadine Sirra, chanteuse d’opéra, qui contribue grandement à démocratiser l’opéra et la musique classique. Leur travail est une source d’inspiration pour moi, et je les encourage vivement à découvrir leur talent.
Retrouvez l’univers d’Esther Abrami sur Facebook, Instagram et Youtube
La programmation complète du festival 1001 Notes 2024 est à retrouver ICI
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Source photo de couverture : Sony Music