Nommé « Révélation Instrumentale » aux Victoires de la Musique Classique en 2018, le violoncelliste Bruno Philippe fait son retour sur la scène Festival 1001 Notes après y avoir fait ses premiers pas voilà dix ans. Entretien.
Photo Thomas Morel-Fort
Comment avez-vous vécu l’année écoulée ?
« Cette année a été très difficile à gérer, surtout sur le plan moral. Les enregistrements et les captations continuent malgré la pandémie, mais c’est l’absence de représentations devant un public en chair et en os qui est devenu assez rapidement pesante. Cela fait maintenant plus d’un an que ça dure et j’ai vraiment hâte de retrouver le public !
À part cela, l’année ne s’est pas si mal passée puisque je suis papa depuis bientôt un an, j’ai donc été occupé d’une manière plutôt réjouissante.
Comment décririez-vous votre musique ?
C’est une musique qui fait partie intégrante de ma personne. Elle me complète et c’est difficile de ne pas pouvoir la partager avec un public. Je dirais que c’est une langue intelligible par tous, un joyau de notre culture que j’ai à cœur de partager au maximum.
Pour qui jouez-vous ?
Aujourd’hui je joue avant tout pour moi. J’essaie d’utiliser cette période « off » pour travailler mon instrument en n’étant plus vraiment artiste mais davantage artisan. J’essaie de me tenir à cette forme de « pacte » avec moi-même qui est d’être au contact de mon instrument au quotidien et de prendre le temps de le travailler comme je l’ai rarement fait. Dans une période sans objectifs à court terme, c’est important pour mon équilibre.
Ce n’est pas la première fois que vous vous produisez au Festival 1001 Notes. Quel souvenir en gardez-vous ?
Séance photo avec Raphael Pidoux, Brunot Philippe & Elodie Soulard pour le disque Bach-Offenbach-Popper en 2009.
Je m’y suis effectivement produit il y a une dizaine d’années plusieurs fois. Le Festival 1001 Notes fait partie des premiers événements qui m’ont donné la chance de me produire et j’ai enregistré mon premier disque également. Je n’étais pas encore majeur à l’époque. J’étais émerveillé de pouvoir partager l’affiche avec des noms aussi fantastiques !
Je garde le très bon souvenir d’avoir partagé la scène avec mon professeur de l’époque (Raphaël Pidoux) ainsi qu’avec Christophe Coin et Vincent Ségal en 2010. C’était très émouvant pour moi, j’en garde un souvenir assez génial.
À quoi le public doit-il s’attendre lors de votre concert ?
Il s’agira d’une version inédite d’une des pièces maîtresses du répertoire pour violoncelle et orchestre qu’est le concerto de Dvorak. C’est probablement la pièce pour violoncelle et orchestre que je préfère et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Dvorak. Je me réjouis d’avance de pouvoir jouer cette pièce au Festival 1001 Notes, de pouvoir rencontrer Nicolas Krauze pour la première fois et de partager la scène avec ses fabuleux musiciens.
Photo Thomas Morel-Fort
Quel est le programme pour la suite ? Avez-vous des projets d’enregistrements ou des envies de collaboration ?
Je continue mes projets discographiques avec mon label Harmonia Mundi. J’ai des suites pour violoncelle seul de Bach qui sont en phase de montage. Au-delà de ça, le plus important pour moi est de retrouver la scène et le public, car la scène sans son public (que ce soit pour une captation ou pour un enregistrement) n’a pas du tout la même saveur. Il me tarde de partager avec le public.
Sur un plan plus technique, vous jouez sur des cordes Oliv et Passione de Pirastro. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?
Il existe différents types de cordes. Il y a ce qu’on appelle les cordes en boyaux qui sont effectivement des boyaux de mouton la plupart du temps. Ce sont les cordes que tous les musiciens d’instruments à cordes frottés utilisent depuis la nuit des temps. Ces cordes ont progressivement été abandonnées par un grand nombre de musiciens à partir du milieu du XXe siècle pour jouer sur des cordes en métal. Ces dernières sont aujourd’hui la norme, mais certains artistes jouent encore sur des cordes en boyaux ou font des mix entre boyaux et métal. La principale différence entre ces deux types de cordes est une différence de timbre et de tension sur l’instrument. Pour ma part, j’ai opté pour un mix entre cordes en métal et cordes en boyaux, cela m’offre un spectre sonore qui me rapproche de l’idéal que j’ai de la voix d’un chanteur dont j’essaie de me rapprocher le plus possible. »
Photo Thomas Morel-Fort
Bruno Philippe sera en concert le 6 août au Festival 1001 Notes avec l’Orchestre de la Nouvelle Europe, plus d’infos ici
Voire l’enregistrement de 2009 de Bruno Philippe avec Raphael Pidoux & Elodie Soulard ici
Lire la biographie de Bruno Philippe ici
Propos recueillis par Paul Lemarchand