Eternel Bach. Ses Suites pour violoncelle sont tout à fait incontournables pour chaque génération de musiciens, simples passeurs d’une œuvre qui demande humilité, prudence et respect. Malgré une rhétorique forte, les Suites laissent une grande liberté à l’interprète. Il peut se laisser aller dans l’instant et restituer une polyphonie suggérée et évocatrice, tenter d’imiter les accords du luthiste et la pleine résonnance d’un orgue. Une question demeure : faut-il croire pour jouer cette « Bible » ou s’aborde-t-elle de manière profane ? D’un point de vue historique, comment expliquer que ces Suites ont été oubliées pendant des siècles ? Qu’elles ont été considérées comme de simples outils pédagogiques et qu’elles sont réapparues sous les harmonies de Piatti, Moscheles et Schumann ?
Hommage aux Maîtres. Ce programme adresse une pensée toute particulière à chaque professeur qui m’a façonné et ouvert l’esprit. Bach m’évoque la rigueur et la vocalité de Christophe Coin. Les pièces de Popper, l’organisation du jeu et la virtuosité de Janos Starker. Enfin, Offenbach me lie à mon père et à la séduction par la sonorité…
Transmission. En pédagogie, la théorie est nécessaire mais doit être adaptable, car elle est remplie d’exceptions ! Elle ne peut remplacer l’expérience, la transmission orale, le contact avec d’autres artistes : des enrichissements primordiaux qui font l’aboutissement d’une pédagogie. Cet enregistrement témoigne, je l’espère, d’une heureuse et forte complicité musicale avec de jeunes talents en devenir. J’ai désiré travailler avec le violoncelliste Bruno Philippe, seulement âgé de quinze ans, qui place déjà l’interprétation de la musique comme sa principale raison de travail. Un élève rare et prometteur. J’ai désiré travailler avec Elodie Soulard, pour qui l’accordéon est un orgue, une voix chantante. Cet instrument devient incontournable au sein du répertoire classique. Le soufflet et l’archet s’entendent parfaitement : l’accordéon fascine.
Raphaël Pidoux