Camille El Bacha (Leone Jadis) :  « Avec Benjamin Rippert, on a comme créé un troisième personnage »

Camille El Bacha (Leone Jadis) : « Avec Benjamin Rippert, on a comme créé un troisième personnage »

samedi 8 mai 2021

Leur premier single vient de sortir et le duo sera sur la scène du Festival 1001 Notes le 25 juillet prochain : avec Leone Jadis qui réunit Camille El Bacha (pianiste-improvisateur, compositeur) et Benjamin Rippert (compositeur, producteur, architecte électronique mais aussi pianiste), c’est une contrée musicale aussi méconnue qu’attirante qui a happé les deux musiciens. Entretien avec Camille El Bacha.

Benjamin Rippert et Camille El Bacha forment le duo Leone Jadis dont vient de sortir le premier single.

Où êtes-vous et que faites-vous actuellement ?

« Je me trouve à Marseille où je suis arrivé il y a seulement quelques jours ! Je vais y rester pour quelques mois avant de rentrer à Paris. J’avais envie de soleil et de mer. C’est un peu un séjour test pour nous installer ici par la suite… Mon amie et moi pouvons tous deux travailler à distance. Marseille est la ville où je me sens le mieux après Paris. Je trouve qu’il y a une chouette ambiance, avec un style méditerranéen qui fait que l’on se sent bien à la fois comme chez soi et comme à l’étranger. En plus, mon binôme pour le duo Leone Jadis, Benjamin Rippert vit près d’Aix-en-Provence. Ça va être beaucoup plus facile de se retrouver pour travailler !

D’où vient le nom de votre formation avec le compositeur Benjamin Rippert justement, « Leone Jadis » ? Comment le prononce-t-on d’ailleurs ?

Chacun peut le prononcer comme il veut ! Ce nom n’a absolument aucun sens. On aimait bien sa sonorité. Il y a un côté un peu rétro dans notre musique, « jadis » fait évidemment penser au passé… Et puis « Leone » a une sonorité assez douce et cinématographique. On ne voulait pas d’un nom qui évoque la musique classique ou au contraire la musique électronique. On se situe plutôt dans un univers cinématographique effectivement. La musique de films permet vraiment de réunir au sein d’une même unité différents styles de musique. J’ai notamment pratiqué le ciné-concert et Benjamin aussi, dans un autre contexte. Autant la musique peut venir faire une simple illustration du film projeté, autant on peut parvenir grâce à elle à faire ressortir des aspects méconnus de ce même film. On peut donner notre propre lecture du film en tant que musicien.

Comment avez-vous rencontré Benjamin Rippert et comment est née cette nouvelle collaboration ?

Il y a deux ans, j’ai été amené à composer la bande originale d’une série documentaire de Mathilde Hirsch, The Lost Ones, diffusée sur le site d’Arte. Il s’agissait de créer une bande electro : étant à l’époque relativement novice en la matière – puisque ma culture c’est le classique, j’ai contacté Benjamin Rippert qui est aussi un ami de mon parrain et que j’avais déjà croisé quelques fois. Je lui ai demandé s’il était d’accord pour optimiser mon travail, lui qui connaissait bien l’univers électro et jouait avec des DJ comme Laurent Garnier. Je lui ai envoyé mes premiers jets de morceaux. Il a rejoué dessus et a apporté sa touche. Moi qui viens du piano classique et de l’improvisation, mon jeu est habituellement très vivant. Bizarrement, pour ce projet électro, j’avais d’abord voulu faire quelque chose de très carré, de très figé, morcelé… C’est l’idée que je me faisais de la musique électro et elle est fausse ! Le travail de Benjamin a permis de donner beaucoup de relief aux premiers jets. C’est comme cela que l’on a commencé à travailler ensemble en 2018. Et puis un peu plus tard, Albin de La Tour (le directeur du festival 1001 Notes qui a aussi son propre label, NDLR) est venu me voir. Il savait que je faisais un peu d’électro pour m’amuser. Il m’a dit : « j’aimerais bien faire un disque avec toi sur du piano et de l’électro. » J’étais évidemment partant car j’aime sortir des sentiers battus. En même temps, j’ai imaginé un duo avec Benjamin Rippert, ce qui pouvait nous permettre de travailler différemment. J’avais en tête que l’on se voie, que l’on crée ensemble cette fois-ci. C’est là que Benjamin a eu l’idée de m’emmener dans le studio de Laurent Thuaud, l’ingénieur du son exceptionnel avec lequel il travaille régulièrement, au milieu des vignes du Luberon ! Là, pendant 20 jours, on a créé notre petit labo musical et on a composé et enregistré sur place.

Et ça a tout de suite pris ?

En fait, on a pris un sacré risque en s’aventurant d’emblée dans 20 jours d’enregistrement sans presque nous connaître. On partageait l’envie de faire ce nouveau projet sans trop savoir où l’autre nous emmènerait. On avait une idée très vague de tout finalement. Le premier jour dans le studio, j’ai commencé par improviser au piano. Benjamin m’a dit : « peux-tu refaire ce que tu viens de faire, juste cette partie-là… » Et il a commencé à improviser au synthétiseur. Et puis ça a continué comme ça finalement… Il me faisait garder deux mesures sur un long passage et il transformait cela en boucle.

Ce que j’aime beaucoup chez Benjamin, c’est qu’il n’est arrêté sur aucun style musical et qu’il est autodidacte, donc pas de théorie, pas d’idées préconçues. Et puis il a évidemment une sacrée expérience dans plein de styles différents, c’est quelqu’un de très curieux. Lui, hormis l’électro, il a plutôt une culture jazz. Lui aussi savait que notre duo pouvait l’amener ailleurs. Ce disque avec Leone Jadis, c’est comme d’avoir créé un troisième personnage. On ne se reconnait pas ! C’est à la fois nous et un personnage qui nous est étranger…

Le premier single de Leone Jadis est sorti le 7 mai 2021.

 

Vous jouez au Festival 1001 Notes le 25 juillet prochain pour votre tout premier concert avec Leone Jadis…

Oui et on est ravis ! C’est notre première scène avec ce duo et on aime tous les deux improviser tout en gardant tout le jeu à l’intérieur d’une structure préétablie. On peut chacun improviser, on peut aussi inverser les rôles pendant un temps… Je vais derrière les machines et Benjamin se met au piano… J’aime cette notion de rencontre atypique. Et puis ce premier concert prend tout son sens, car 1001 Notes, c’est aussi le label de notre album. On espère se produire ensuite à Paris, sans doute vers novembre 2021. On n’a pas encore arrêté la salle de concert… D’ailleurs une campagne de financement participative va être lancée prochainement, en juin, pour financer cette date parisienne. Plus on récolte de fonds, plus on aura le choix dans la salle ! En attendant, fin mai, on va tourner notre premier clip pour Leone Jadis avec le réalisateur Léo Devienne. »

Propos recueillis par Caroline Gaujard-Larson


Ecoutez le premier single de Leone Jadis sur Deezer et Spotify.

Leone Jadis sera sur la scène du Festival 1001 Notes, le 25 juillet à Limoges, en Haute-Vienne puis le 30 juillet au festival Musique à Beauregard, à La Clusaz.