Interview de Franck-Emmanuel Comte

Interview de Franck-Emmanuel Comte

dimanche 20 mars 2022

Avec la bande originale du ballet Folia, l’ensemble de musique baroque du Concert de l’Hostel Dieu explore les rythmes populaires des tarentelles italiennes dans une fusion des genres insolites. Une musique hypnotique qui aura lieu à la patinoire olympique de Limoges le 23 juillet 2022. Franck Emmanuel Comte était présent avec nous pour nous en dire un plus sur le spectacle et ses différents projets

Qu’allez-vous jouer au Festival 1001 notes cet été ?

Cette année nous allons jouer le programme Dolce Folia, nous avions déjà fait il y a trois ans un spectacle nommé « Folia » avec des danseurs Hip Hop. Ce sera la suite mais dans une forme concertante avec la même chanteuse que le spectacle Folia, « Heather Newhouse », accompagnée par 7 musiciens. La spécificité de ce spectacle c’est qu’il est construit autour de différentes « Folia » qui est une danse très populaire à l’époque baroque. Au fil du temps, cela est devenu une danse virtuose qui permettait, notamment aux violonistes, d’exprimer leurs virtuosités. Le programme est un trait d’union entre la musique savante et populaire du XVII et XVIII ème siècle. S’en dégagera une couleur « méditerranéenne » puisqu’il y a beaucoup de musique venant d’Italie et d’Espagne.

Comment avez-vous arrangé la pièce sans les danseurs ?

Ce ne sera pas exactement la bande son du spectacle, c’est inspiré du spectacle mais au moins la moitié des musiques sont différentes. Il y aura de longs moments d’improvisation que l’on ne pouvait pas avoir avec le ballet, car tout était calibré avec les danseurs. Cela nous redonne une certaine liberté pour introduire des moments d’improvisation où chaque musicien pourra s’exprimer pleinement.

Est-ce que l’improvisation fait partie de l’époque baroque ou est-ce que cela découle de la passerelle entre musique savante et musique populaire ?

À l’époque baroque, tout n’est pas fixé par le compositeur. Il laisse une part d’improvisation aux interprètes. Pour les violonistes et les chanteurs, l’improvisation se joue au niveau de l’ornementation. Tandis que pour les instruments accompagnateurs, l’improvisation se trouve à l’harmonisation. Donc oui, l’improvisation est présente dans la musique savante de l’époque baroque, mais plus on va vers la musique populaire qui est une musique de tradition orale ou rien n’est écrit, plus la part d’improvisation est importante.

Comment la période COVID a-t-elle impacté l’auditoire ?

Je ne me fais pas de soucis concernant le public. Les habitués de concert de musique classique sont toujours présents, en revanche, c’est surtout le public occasionnel et irrégulier que l’on a perdu. Je pense que c’est à nous, musicien, de réfléchir à la forme de nos concerts pour aller retrouver ce public.

Est-ce que vous avez fait des concerts dans de nouveaux formats pour justement retrouver ce public ?

Nous avons beaucoup fait de streaming pendant le COVID, des captations pour la télévision (Arte, France 3), et publier sur les réseaux sociaux et Youtube.  De plus, nous avons fait un festival numérique à Angers. Ça m’a amené à collaborer avec des gens que je connaissais moins bien (réalisateur, metteur en scène).

Les deux formats (live ou streaming) sont complémentaires. L’un ne peut pas remplacer l’autre.

Avez-vous collaboré avec d’autres genres musicaux ?

J’ai beaucoup travaillé avec tout ce qui est musique du monde, avec des gens de toute la planète (chinois, cubain, indien, japonais etc.) avec leur culture à eux traditionnelle. C’est un gros travail transversal que j’ai pu effectuer. J’ai aussi un projet avec un disque qui va sortir à la fin de l’année dans la création contemporaine (post minimaliste).

Propos recueillis par Thomas Lecrohart

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