Nul n’est prophète dans son pays.
Cet adage touche particulièrement la sphère de la musique métal francophone. Avant de devenir populaires dans l’Hexagone, pléthores de formations de « rock extrême » ont connu le succès à l’étranger avant de gagner leurs lettres de noblesses chez nous. Le métal est-il encore aujourd’hui « trop de niche » au pays de Voltaire en 2024 ? Pas si sûr…
Alcest est un groupe singulier dans le paysage du rock extrême. Á des années-lumières de l’image stéréotypée de la musique métal, Alcest jouit d’une réputation mondiale et d’une belle longévité. Ce groupe, fondé en 2000 par Neige, a su se créer sa place dans l’échiquier et à même réussi à être propulsé sur la scène internationale grâce à la réalisation de premières parties pour The Cure en 2018. Enfin, Alcest rejoint dans la foulée « Nuclear Blast« , l’un des plus gros label de métal au monde.
Mais cela serait une erreur de limiter Alcest à une formation « metal » sans un peu de contexte. En effet, ce groupe navigue entre plusieurs genres, comme le black metal, shoegaze et post-rock.
Alcest peut même se targuer d’être le pionnier du blackgaze, sous-genre qui mêle les sonorités et les voix typiquement black metal aux ambiances plus rêveuses et éthérées du shoegaze.
Le 20 juillet prochain, Neige et Zéro du groupe Alcest partageront la scène avec Nicolas Horvath pour un entremêlement du classique avec le métal, le tout en version acoustique. Ce trio original alliant les voix ténébreuses d’un des plus grand groupe de métal avec le piano acoustique d’un artiste passionné de la musique de notre temps promet de belles surprises avec un spectacle innovant et avant-gardiste.
Festival 1001 Notes : Commençons par les bases, pouvez-vous vous présenter à notre public. Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous nous proposez à travers votre musique ?
Bonjour à tous, je suis Neige, fondateur et compositeur du projet Alcest. Mon parcours musical a débuté dans les ténèbres du black metal pour évoluer vers une musique plus empreinte de lumière plus douce et fortement imprégnée de ma vision spirituelle de ce qui nous entoure. À travers ma musique, je vous invite à un voyage introspectif.
Mais avant d’arriver à cette ligne artistique, Alcest est un projet qui a beaucoup évolué depuis sa fondation [NDLR : en 2000]. J’ai commencé seul dans un univers Black Metal très sombre et extrême dans sa musicalité. Avec la maturité, j’ai pris un virage plus en adéquation avec mes envies créatives, ce qui n’a pas toujours été bien accueilli par le public métal conventionnel.
Cependant, Alcest a fini par prendre forme et à être accepté comme tel dans le milieu et par-delà les étiquettes musicales.
Festival 1001 Notes : Le métal est le genre musical qui a le plus de sous-genre. On vous affilie au “Blackgaze”, courant musical qui mélange black metal et shoegaze. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie ?
Comme dit précédemment, Alcest est un projet qui a évolué au gré de mes expériences ainsi que de mes envies créatrices du moment. Cependant, il est important de préciser que le Metal est le courant musical qui est composé du plus grand nombre de sous-genres, de sensibilités différentes.
Il y a encore beaucoup de pédagogie à avoir pour les néophytes qui pensent souvent à tort, que la musique métal se résume à des artistes qui hurlent sur scène avec des guitares électriques saturées.
Festival 1001 notes : Votre signature musicale est teintée d’un mélange d’émotions entre nostalgie et espoir. Comment parvenez-vous à harmoniser ces éléments ?
Alcest : La composition est un processus complexe, qui s’imprègne de mes expériences, de mes inspirations et de mes réflexions sur nos existences. À travers ma musique, je cherche à exprimer un sentiment d’ailleurs, de spiritualité, tout en restant fidèle à mes propres émotions. Je ne peux pas vous dire s’il y a une recette qui permet d’harmoniser ces états d’âmes, c’est un travail très introspectif.
Bien que je m’étais toujours promis de proposer le projet musical le plus “pur” possible, c’est-à-dire que ce dernier ne soit pas corrompu par mes états d’âmes, il faut tout de même reconnaître que ce que peut vivre un artiste aura forcément un impact sur sa manière d’écrire. Tout est une question d’équilibre entre le projet artistique et ce qui bouleverse positivement ou négativement notre quotidien.
Festival 1001 Notes: On remarque à travers votre artwork ou vos publications sur les réseaux sociaux votre lien profond avec la nature et la lumière. Pourquoi est-ce si important pour vous ?
La nature est pour moi une source d’inspiration et de recueillement infini, une sorte de sanctuaire spirituel. Elle me relie à quelque chose de plus vaste que moi-même, une expérience qui dépasse les mots. Je suis très sensible à la spiritualité après une expérience personnelle et la nature est clairement un refuge pour moi. Juste le fait de savoir que toutes ces forêts ou vallées soient présentes depuis bien avant l’arrivée de l’Homme sur terre me fascine et me procure un réconfort vertigineux.
Festival 1001 Notes : Avez-vous une passion pour la musique classique ? Quels compositeurs vous inspirent ?
Je suis viscéralement lié à la musique classique. De par ma grand-mère qui était professeur de piano et qui m’a bercé dans cet univers, mais aussi de par mes études au conservatoire.
Les grands compositeurs comme Jean-Sébastien Bach et Claude Debussy sont mes favoris parmi les plus grands, et je m’intéresse beaucoup au mouvement des minimalistes contemporains comme Sviatoslav Richter et Philipp Glass qui ont une place spéciale dans mon cœur. Leur musique capture l’essence même de l’émotion humaine et j’admire leur travail.
Festival 1001 Notes : En parlant de rencontres, vous allez jouer avec Nicolas Horvath au Festival le 20 juillet prochain. Comment est née cette collaboration ?
Nicolas Horvath est un pianiste dont j’avais entendu parlé depuis plusieurs années grâce à des amitiés en commun. Son parcours m’a beaucoup intrigué, notamment car c’est un musicien qui a un pied dans la musique expérimentale métal et un autre fermement ancré dans la musique classique. Lorsqu’il m’a contacté avec ce projet intéressant de fusionner nos mondes musicaux, je n’ai pas hésité à saisir cette opportunité excitante de mêler les sons de l’acoustique avec ceux de l’électrique que l’on propose d’habitude.
C’est un projet grisant, d’autant plus que je mets un point d’honneur à composer les musiques d’Alcest afin que celles-ci puissent être retranscrites facilement en acoustique, qu’ils puissent s’adapter à n’importe quel instrument de musique.
Festival 1001 notes : Pour conclure, que diriez-vous à notre public pour les inviter à découvrir votre musique ?
La musique classique fait partie de mon ADN et j’hérite de la passion d’une famille de musiciens, je suis convaincu que l’on saura créer une connexion avec le public. J’espère que mon projet leur plaira, et que chacun saura apprécier ces ponts entre musique classique et actuelle que l’on souhaite vous faire découvrir.
Retrouvez l’univers de Neige et d’Alcest sur Facebook, Instagram et Bandcamp.
Vous pouvez aussi découvrir les coups de cœur musicaux de Neige sur sa playlist Spotify.
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Source photo de couverture : Metal Part