Si la diva du piano embrasse le grand répertoire classique, la musique contemporaine la passionne tout autant. Cet été, sur la scène du festival 1001 Notes, Vanessa Benelli Mosell présentera son dernier album, Casta Diva : un petit bijou hommage à l’opéra italien. Depuis son repaire florentin, l’artiste italienne s’est confiée à nous.
Qu’avez-vous fait musicalement parlant pendant le 1er confinement ? Où étiez-vous ?
« Lors du premier confinement, je me trouvais en Italie. J’ai pris le dernier vol pour Florence où vivent mes parents, le 11 mars 2020. Et quand j’ai pris le vol, je ne savais pas que ce serait le dernier pour Florence depuis Paris. Je l’ai compris quand le pilote nous l’a appris au moment de l’atterrissage. J’ai ainsi passé trois mois et demi à Florence, même si je suis restée à l’abri, je me suis dit que la musique ne devait pas s’arrêter. J’ai commencé avec l’aide de ma mère, à m’enregistrer à l’IPhone en train de jouer. Et presque tous les jours, j’ai partagé ces vidéos sur les réseaux sociaux : j’ai eu énormément de retours et de réactions, encore plus que d’habitude. J’ai reçu de longs messages… Un rendez-vous avec le public s’est même instauré chaque jour à 17 h. J’ai aussi pu préparer un disque. J’avais l’habitude de beaucoup bouger avant ce premier confinement. D’abord, je me suis un peu reposée puis j’ai profité du temps libre pour travailler et pour apprendre. Mais pour moi, il était important de continuer à jouer pour faire plaisir aux gens.
Aviez-vous imaginé le parcours qui est le vôtre, vous qui avez commencé le piano très tôt ? Qu’aurait pu être votre profession si la musique n’existait pas ?
Si je n’avais pas été pianiste, j’aurais peut-être fait quelque chose en rapport avec la scène ou avec le sport, de la danse par exemple. Beaucoup de choses me plaisent… C’est difficile de m’imaginer une autre vie, car toute ma vie, j’ai fait cela ! Je ne me souviens pas avoir choisi. Je suis née avec le piano.
Pour qui jouez-vous ?
Je joue pour tout le monde : le public, moi-même. Je joue pour tous les âges, y compris pour le public qui ne connaît pas bien la musique classique. Je voudrais que ma musique parle au plus grand nombre de gens.
Vous êtes aussi cheffe d’orchestre. Préférez-vous jouer ou diriger ?
Ce sont deux choses très différentes mais très complémentaires. Le piano, c’est vraiment en moi. La direction m’a néanmoins permis d’entrer dans une autre dimension. Avec la direction, j’ai pu découvrir de nouvelles choses. Parfois, je me dis “comment ai-je pu vivre sans connaître cette symphonie-là?”. La direction d’orchestre me permet de travailler d’une autre manière avec les musiciens et d’autres solistes.
Vous sentez-vous plus proche de l’école russe ou de l’école italienne ? Que vous ont-elles apportées l’une et l’autre ?
L’école russe m’a complètement transformée (l’artiste a fréquenté le conservatoire Tchaïkovski de Moscou pendant quatre ans, NDLR). Avant de vivre et d’étudier à Moscou, j’ai rencontré une professeure russe en Allemagne. Elle m’a suivie pendant deux ans et a changé mon approche du piano. Elle m’a fait prendre conscience de mes possibilités techniques plutôt qu’intuitives. Tout ça a complètement ma façon de jouer et m’a donné comme de supers-pouvoirs ! J’ai eu le sentiment de pouvoir faire beaucoup plus. Et quand je suis arrivée à Moscou, cela a continué. En Russie, on résout un problème technique grâce à une pensée musicale et inversement. La musicalité et la technique ne font qu’un. J’ai grandi avec cela depuis l’âge de 17 ans. Quant à l’Italie, il y a l’opéra qui est la plus haute expression et a absorbé l’énergie des compositeurs italiens. Beaucoup de compositeurs russes figurent déjà dans mon répertoire : Scriabine, Stravinsky, Chostakovitch, Prokofiev… C’est une chance d’avoir connu cette culture russe. Quand je suis arrivée à Moscou, j’ai pleuré. Et j’ai pleuré en partant.
Parlez-nous de Casta Diva, votre dernier album, que vous présenterez au public de 1001 Notes cet été…
Cet album, je l’ai préparé pendant le premier confinement. Casta Diva : c’est tout un symbole pour l’opéra italien. Dans cet album, je marie le piano, instrument soliste par excellence, avec les grands airs d’opéra. Autant de petits bijoux qu’il est intéressant de redécouvrir. C’est aussi une façon d’élargir le public. Le piano est le seul instrument, ou presque, à pouvoir mettre sa sonorité au service de l’opéra. Je voulais encore davantage faire découvrir l’opéra italien, ainsi que des transcriptions qui restent trop souvent au fond des tiroirs. Je me suis amusée à réunir tout cela dans cet album. »
Propos recueillis par Caroline Gaujard-Larson
Vanessa Benelli Mosell sera en concert le 1 aout 2021 au Festival 1001 Notes, pour plus d’infos cliquez ici
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