Organisateurs, bénévoles, partenaires, artistes… découvrez à travers cette série d’interview, un autre regard sur ces personnalités.
Avec une magnifique carrière de vingt-cinq ans, Alexandre Tharaud est une figure unique et incontournable du monde de la musique. Soliste piano éperdument amoureux de la musique baroque, il est l’un des invités prestigieux de la 15e édition du Festival 1001 Notes.
Son extraordinaire discographie – plus de 25 albums solos couronnés par de nombreux prix – couvre un large répertoire, allant de Couperin, Bach et Scarlatti à Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Brahms et Rachmaninov, jusqu’aux compositeurs français du XXe siècle. Une ouverture d’esprit qui s’illustre par ses collaborations avec des acteurs, danseurs, chorégraphes, réalisateurs et des musiciens non classiques.
1001 Notes : Bonjour Alexandre, quel est ton état d’esprit actuel ?
Alexandre Tharaud : Serein ! J’ai vécu un confinement exceptionnel car j’ai pu me passer pendant quelques semaines des éreintants déplacements en avion et profiter de cette « pause » des concerts.
Lors des deux dernières années, je n’ai jamais eu une semaine entière pour m’occuper de moi. Je vous laisse donc imaginer le plaisir d’avoir près de 3 mois de libres !
Malgré l’incertitude, je l’ai vécu comme un véritable bonheur, une occasion inespérée pour ré-apprivoiser le temps et se recentrer sur les priorités essentielles de la vie.
Ce que tu apprécies le plus chez tes partenaires de scène ?
A : Le sens du danger ! Je ne supporte pas les musiciens qui ne prennent pas de risques. Ne pas prendre de risques, c’est de ne pas se donner à 100% pour le public, et c’est donc proposer un concert qui a un peu moins de matière, moins de saveur, moins de passion !
Ton petit rituel d’avant-scène ?
A : Avant chaque représentation, je réalise un exercice de concentration qui dure un peu plus d’un quart d’heure avec mes yeux. Un travail de préparation indispensable car je souffre de tocs que je peux canaliser seulement grâce à cet exercice dont je ne vous en dévoilerai pas le secret. *rires*
Ton loisir préféré lorsque tu n’es pas en concert ou en répétition ?
A : Manger du chocolat. Surtout le chocolat au lait avec des noisettes, des amandes.
Ce que tu aurais voulu être si tu n’avais pas été pianiste ?
A : Si je n’avais pas été pianiste j’aurais adoré être prestidigitateur. Un métier qui me permettrai d’être encore sur scène, toucher le cœur des petits comme celui des grands.
Je trouve aussi que c’est un métier très proche de celui de pianiste car on émerveille les gens grâce à nos mains.
La ville où tu voudrais poser tes valises ?
A : Sans aucun doute Montréal. C’est une ville que je connais depuis 17 ans et qui est un port d’attache lorsque je vais en Amérique du Nord.
C’est une ville que j’adore avant tout pour ses habitants, les québécois sont extraordinaires, chaleureux, cultivés et joyeux !
Le son que tu préfères ?
A : Je dirais le bruit des feuilles mortes sur lesquelles on marche en automne. J’ajouterai aussi le bruit des vagues à Perros-Guirec ou à la Tartane en Martinique.
L’auteur que tu emportes avec toi partout en livre/tablette ?
A : Jean-Sébastien Bach. Je lis les compositeurs comme des auteurs de littérature. Cela peut paraître étrange pour beaucoup, mais j’apprécie énormément m’installer en bord de mer pour lire et analyser les partitions des grands compositeurs de l’Histoire de la musique classique.
Le héros ou l’héroïne que tu admires le plus ?
A : Mon héroïne est sans aucun doute la chanteuse Barbara. Cette femme est admirable pour ce qu’elle incarne en tant qu’artiste de scène, mais elle est aussi admirable pour avoir réussi à faire face avec dignité à sa vie rocambolesque.
Ton compositeur préféré ?
A : Jean-Sébastien Bach sans hésiter !
Ton peintre/photographe favori ?
A : Pierre Soulages, car à l’instar de Barbara, il a su mettre de la lumière dans le noir.
Ce que tu détestes par-dessus tout ?
L’injustice, ce sentiment révoltant et frustrant lorsque l’on ne peut rien faire personnellement pour combattre cela.
Le don que te voudrais avoir ?
A : Dormir n’importe où et à n’importe quel moment !
Ton souvenir de scène le plus cocasse ?
A : Lors de l’un de mes premiers concerts à Séoul il y a quinzaine d’années, j’ai vécu une situation qui aurait pu être catastrophique ! Lors de l’entracte, j’ai eu l’incompressible envie de manger un sandwich, mon estomac était complètement désynchronisé à cause du décalage horaire !
Je mange donc ce fameux sandwich quelques minutes avant de revenir sur scène. Problème : On ne m’avait pas donné de serviette, je me suis donc dépêché de courir à ma loge pour seulement y trouver du papier toilette pour me nettoyer les mains… Quelle erreur !
Il me restait peu de temps j’ai couru sur scène pour jouer sauf que j’avais du papier toilette sur les doigts et j’ai donc dû me concentrer pour essayer de l’enlever.
Ta playlist du moment en 3 titres/albums.
Crédit « photo de couverture » : Marco Borggreve