La Musique pour Piano de Jean Catoire enregistrer par Nicolas Horvath

La Musique pour Piano de Jean Catoire enregistrer par Nicolas Horvath

lundi 16 janvier 2023

Découvrez l’intégrale des oeuvres pour piano de Jean Catoire interprétées par Nicolas Horvath, en huit volumes.

Nicolas Horvath, champion aguerri des concerts de longue durée, comme par exemple ses concerts seuls et sans pauses des Vexations d’Erik Satie, est le candidat idéal pour embrasser le vaste éventail de sons et de pensées que compose la totalité de l’œuvre de Jean Catoire. Cet enregistrement est le tout premier de la musique pour piano de l’œuvre de Jean Catoire, et cerise sur le gâteau, Nicolas Horvath l’a enregistré dans son intégralité.

(c) Yannick Coupannec

 

 

Cet enregistrement comprend des pièces variant entre 6 minutes et 4 heures et demie. Ce qui permet progressivement d’entrer dans cet univers et d’en apprécier toutes les subtilités. Les œuvres pour piano sont le miroir de la lente évolution de la musique de Catoire – les structures à base de l’opposition d’accords majeur/mineur sont la caractéristique la plus évidente de la musique de sa première période (les opus 204-7 et 210-211 en sont
le parfait exemple).

Dans l’Opus 278, on peut découvrir une suite distinctive de 4 accords descendants

(ou ascendants ou en zigzag), où chaque groupe des 4 accords (eux-mêmes en répétition) se déplace selon le cycle des quintes. Ce « système » est contrebalancé par un autre groupe de 4 phrases mélodiques descendantes qui sera rejouée dans une nouvelle tonalité. La transition entre ces 2 systèmes est époustouflante : le changement se fait sur une très grande période temporelle tout en restant très subtil et magnifiquement équilibré, offrant à l’auditeur de perce-« voir » l’équilibre
de toutes les sections et les structures de cette architecture musicale immense. Cette structure se retrouve dans sa 10e Sonate pour Orgue.

Dans l’Opus 283, Jean Catoire utilise à nouveau cette technique de transitions entre deux systèmes de structures. En revanche, dans cet Opus, la transition
complète donnera naissance à une toute nouvelle structure. Malgré quelques pièces approfondissant les expériences structurelles précédentes, le style de Jean Catoire évolue vers une épure radicale, il n’utilisera plus que 3 tons (notes) uniques, le plus souvent des quintes juste, et abandonne progressivement les alternances d’accords majeur/mineur.

Cette évolution est particulièrement notable à partir de l’Opus 312. Jean Catoire n’utilise plus que la tonique, la sous-dominante et la dominante (c’est-à-dire Do, Fa et Sol dans la tonalité de Do) dans de nombreuses œuvres (telles que les Opus 410, 422, 504, 520 et 546 ). Les accords deviennent beaucoup plus statiques et les changements de registre du clavier n’interviennent qu’à des moments phares (comme le changement de Do à Fa). Dans ses ultimes pièces, Jean Catoire laisse même à l’interprète le choix de nombreuses variations. Une musique d’une telle durée comme ces derniers Opus est particulièrement adaptée pour aider à maintenir une concentration continue (lors de travaux intellectuels) ou pour aider à entrer en état de méditation. Cette musique, telle une force énergétique centrifuge, peut permettre à l’auditeur et/ou à l’interprète de révéler son être intérieur, que ce soit en agissant au niveau de sa conscience, ou en agissant sur un niveau bien plus profond et inconscient. La musique de piano vous confronte avec vous-même. Le piano étant plus épuré que la musique d’ensemble, cela donne aux textures musicales une plus grande intelligibilité,
permettant à l’auditeur de se focaliser sur l’architecture sonore plutôt que sur un sensualisme sonore obtenu par les différentes couleurs instrumentales.

Ce monde sonore est un miroir, plutôt qu’un objet ou un matériau objectif. Cette musique peut sembler difficile à appréhender car elle détourne la lumière (l’inspiration) qui habituellement est transmise du compositeur vers l’interprète et vers l’auditeur. Dans la musique de Catoire, la lumière émane directement de l’auditeur. Ici, il n’est plus indispensable d’avoir une action consciente sur le son ; au contraire, il s’agit de laisser le son agir SUR vous.

Texte écrit par Lawrence Ball et traduit en français pas Nicolas Horvath.

Jean Catoire vous intéresse ? Lisez notre article sur La Tonalité chez Jean Catoire

Mais aussi, MON EXPLORATION DE LA MUSIQUE DE JEAN CATOIRE (PAR NICOLAS HORVATH)